En Mai fais
ce qu’il te plait disait l’adage. Ce n’est plus vrai. Désormais, le Bal est
confiné. Camille est inquiet et dénonce la situation désastreuse dans un long
plaidoyer.
Musicien
actif et militant, Camille Raibaud fait partie des groupes La Forcelle,
Faburden, Laüsa. Depuis 2016, il gère Tradethik Productions un collectif
d’artistes fédérant une dizaine de groupes et enseigne le violon au
conservatoire de Toulouse.
"Eh ça
continue, encore et encore... Les
festivals, tous les festivals, toutes nos dates estivales s'annulent les unes
après les autres... Je suis bien évidemment inquiet. Je suis aussi en colère.
Nous devons faire 507 heures
annuelles pour garder notre statut [en réalité une annexe de
l'assurance-chômage] chaque concert rémunéré comptant pour 12h. Si on ne
renouvelle pas, que se passe-t-il ? Les plus chanceux sont repêchés, sinon
c'est direct au RSA. Alors oui, c'est un "Choix" de vivre de la
musique, oui, c'est aussi un "choix" que d'être deux intermittents et
d'avoir un bébé ensemble... Enfin c'est un choix de vie, Ok, mais un système existe
! On y contribue, on s'en sert, et
ce système sert à tous celles et ceux qui organisent des concerts et peuvent en
faire bénéficier à un public large par des entrées gratuites ou à bas prix. Ces
mêmes événements qui attirent du monde et font vivre par répercussion des tas
d'autres personnes et génèrent parfois une économie propre à développer
considérablement un village, une ville, voire une région, et donc le pays ! On voit bien
une ignorance totale des spécificités de nos métiers, et un désintérêt total !
Nous ne
sommes pas une goutte d'eau ! Les fameux Intermittents du spectacle dont je
fais partie, nous sommes 120 000, des musicien.e.s, comédien.e.s, acteur.ice.s,
danseurs et danseuses... On joue tous devant des centaines de milliers de personnes
chaque année, pour des dizaines et des dizaines d'organisateurs, les retombées
économiques sont évaluées en centaines de millions d'euros... On parle de 7% du
PIB ! Le pire
c'est que le vague terme d'"intermittent du spectacle" laisse penser
qu'on est une minorité d'artistes du spectacle vivant, des privilégiés, une
micro caste qui "va disparaître"... L'image véhiculée par les médias
est désastreuse, mais au bout du concept, il y a des humains, un système qui a
bien sûr des failles, mais qui a surtout l'avantage de permettre à des
musiciens de vivre, et donc d'être disponibles pour jouer, animer tout genre
d'événements
Sans
intermittence, les seuls professionnels seraient ceux du domaine
commercial... Le consensus absolu,
la pensée unique... Ça vous dit quelque chose ?"
Camille
Raibaud (Extraits du plaidoyer pour une musique vivante)
Comment se
porte le Bal en 2020 ?
Les
musiciens cherchent du sens à ces évènements. Et délaissent parfois un temps
leurs instruments. Et finalement si le confinement devenait inspirant ?
Jérémie
Bonamant Teboul est figurinophile, aquarelliste, danseur et musicien. Il joue
de l’accordéon et du didgeridoo avec Escale Ordinaire, Kaz Kan Zie et Bal
Barbare.
"Moi, j'ai
boudé mon accordéon pendant deux semaines. J'ai eu peur de l'approcher, peur
que ce ne soit pas des notes qui jaillissent, mais l'expression du manque de
danse, de musique, de copains. Je l'ai mis en quarantaine.
La
"vague" de concert "live", de "bals suspendus",
de cagnottes de soutiens qui a inondé la toile m'a laissé à la fois perplexe,
et en même temps j'étais super heureux de voir les copains jouer d'un côté et
danser de l'autre, ou simplement écouter et regarder.Et puis on
nous a invité à un bal suspendu. J'ai eu un plaisir fou à composer pour l'occasion,
à créer, inventer, ré-arranger avec les copains, et à maintenir un lien, même
virtuel, avec cette belle communauté. Le son était pourri, la connexion à la
campagne saccadée, techniquement c'était raté.
Mais... ce
que j'ai d'abord vu comme une réaction au malaise de solitude face au
confinement, s'est révélé être une expression d'amour, une manière de dire : ON
SE MANQUE, et ça fera du bien de se retrouver ! Un
"acte de résistance" ai-je lu à plusieurs reprises. Il y de ça.
La musique
adoucit les mœurs, et le milieu des baloches à ceci de merveilleux qu'il repose
sur l'énergie de tous ses acteurs : danseurs, organisateurs, associations,
bénévoles, professionnels... Elle peut
être déferlante et invasive, comme la profusion d'initiatives virtuelles en ce
moment... mais elle est belle. Un peu comme l'amour en somme.
J'ai
ressenti deux manques chez les artistes confinés : celui des moyens de
subsistance, celui du manque de danse, de joie, de chaleur, de partage, et nous
sommes tous différemment affectés par l'un ou l'autre. Autant de
situations, de chemins de vie... Personnellement,
c'est ici une période faste de création. On a du temps pour s'ennuyer, et quand on s'ennuie, on
cherche de nouveaux chemins, on crée. C'est bien
connu, l'art, ou du moins beaucoup de courants artistiques, sont des réactions
aux excès d'une époque... Ne
sommes-nous pas aux prémices d'une période faste de création... ?"
Jérémie BT (Extraits
d’échanges mail Avril et Juin 2020 )
Comment se
porte le Bal en 2020 ?
Fin octobre
on prend un deuxième confinement dans les dents. Cette fois plus de sortie sans
autorisation de déplacement. Et on danse clandestinement…
Fred Sonnery
évolue au sein de divers groupes tels que les «Poules à Facettes», «Vouv’tia
Vénou», le duo violon accordéon «Balzam» et bien sûr les «Ménestrels de Kelyre»
pour lequel il compose.
"Un
confinement qui touche les loisirs, le plaisir, l'être ensemble... On ne peut
plus aller prendre un verre au bar, aller se restaurer tranquillement au chaud
dans un resto... On ne peut plus enseigner la musique, nos enfants ne peuvent
plus faire d'activités sportives... Par contre,
beaucoup d'entreprises peuvent envoyer leurs salariés à droite à gauche sans
souci pour travailler. Certaines jouent le jeu du télétravail, mais combien ne
le font pas...
Est ce qu'il
n'y a pas un moment où l'on réagira ailleurs que sur Facebook ?? "
Fred Sonnery
(texte publié sur Facebook le 10/11/2020)
Comment se
porte le Bal en 2020 ?
Il est
fichtrement sinistré !
Pour l'aider
si chaque danseur.se calculait son budget Folk (les dépenses pour les ateliers
+ les entrées aux bals + les entrées en festivals) et convertissait cette somme
en actes de solidarité pour les artistes impactés ? Ainsi la
Danse aiderait la Musique à traverser cette mauvaise passe...
Par exemple
: envoyer un chèque à l'ordre du Foyer Rural BBC pour assurer le cachet
d'Amélie, notre animatrice bien-aimée [ trésorière
FR BBC : Maryse Labaune - Lieudit Vivier - 71250 BLANOT]
Par exemple
: acheter les CDs de vos groupes préférés [ liste non
exhaustive = sites des groupes ; AEPEM.com ; albumtrad.com ; lafeuilleamta.fr ;
lagrangeasons.com ; mustradem.com ; tradethik.com...]
Comment se
porte le Bal en 2020 ?
Avec la
musique, la Danse veut continuer de rêver…
"Ici on est
pas mal dépité par le bordel ambiant, encore plus abasourdi par ce qui se passe
au niveau sociétal que par la maladie en elle-même. Notre monde
tangue dangereusement et cela apporte son lot de questionnements, de peurs,
d'espoirs... bref… Gardons
l’espoir en des jours meilleurs, en ce
retour à "l'anormal", les retrouvailles n’en seront que plus
chaleureuses ! Pi surtout vivement un vaccin qui nous sauve tous !!"
Jérémie BT
(extrait d’échanges nov 2020)
Bal La Guiche - Musique : Santimento (Mazurka) Gérard GODON (CD L'Intrigue)
Bal La Guiche 2 - Musiques : Het Afscheid (Valse) SHILLELAGH (CD Hemels Douwe) / Pieternelle (Trad.) SHILLELAGH (CD Germaine)
Bal Coloc - Musiques : Ismaël (Valse 8 tps) TRADIRRATIONNEL (CD Il y a le feu au lac) / Bourrée à Ythier (Bourrée 3 tps) LA FICELLE
Bal Coloc 2 - Musiques : Vagabondages (Mazurka) BALZAM (CD Nouvelles Turbulences) / Branle Carré de Bresse (Trad.) QAC
Bal Les Landes - Musique : La Gavre (Trad.) SHILLELAGH